Maudits by Marine Kelada

Maudits by Marine Kelada

Auteur:Marine Kelada [Marine Kelada]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Auto-Édité
Publié: 2022-06-28T22:00:00+00:00


Chapitre

68

Ce matin, avant même que l’aube ne se lève, des douleurs de plus en plus fortes, au ventre et au dos, me réveillent. Elles ont commencé hier soir, quand je me suis couchée contre Gregor – qui dort encore – comme si mon ventre se serrait involontairement. Au départ, ces douleurs n’étaient qu’un peu gênantes, mais pas suffisamment pour m’empêcher de dormir. Ce matin, c’est tout autre chose. Mon ventre devient dur comme la pierre et j’en ai le souffle coupé, puis il se détend et la douleur s’apaise. Mais elle revient bien vite. Je respire doucement pour essayer de la faire passer, mais rien n’y fait, elle revient toujours, elle monte et mon ventre se serre jusqu’à devenir un roc, avant de redescendre. C’est douloureux, je laisse même échapper un gémissement qui réveille Gregor, mais encore supportable. Ma fausse-couche a été bien plus pénible.

— Marian ? grogne-t-il en se levant sur un coude. Ça ne va pas ?

Je serre les lèvres et ferme les yeux le temps que la vague atteigne son pic, avant de s’atténuer.

— Je crois que… que c’est le moment, Gregor.

Il se redresse en sursaut.

— Quoi ? Tu en es sûre ?

— Comment veux-tu que j’en sois sûre ? Je n’ai jamais eu de bébé.

Je grimace et retiens mon souffle tandis que mon ventre durcit et fait grimper le mal.

— Dis-moi ce que je dois faire !

Je secoue la tête, je me crispe, ma respiration devient heurtée.

— Je… Je ne sais pas…

Je reste allongée et j’essaye de me rendormir – il est encore bien tôt. Mais je n’en ai pas le loisir. La douleur s’accentue à une vitesse folle. À chaque contraction de mon ventre, à quelques dizaines de secondes d’intervalle, elle est de plus en plus puissante. En un rien de temps, elle atteint celle qui m’a terrassée lorsque j’ai perdu mon premier bébé. Mais elle ne s’arrête pas là. Elle grimpe, grimpe encore, jusqu’à atteindre une douleur encore inégalée dans ma vie entière. Même mon imagination n’aurait pas pu se représenter un tel mal. Elle est intenable. Elle arrive sournoisement, et monte, monte, monte jusqu’à son point culminant qui rend mon ventre dur comme la pierre. Puis elle redescend comme elle est montée, mais je n’ai pas le temps de souffler ou de profiter de cette accalmie car elle s’acharne. Elle revient, elle remonte, elle me recoupe le souffle et me torture. Si elle était supportable à mon réveil, ce n’est plus le cas.

Je me tords de douleur, je me lève, je marche, je m’assois, je me relève, me couche, me tourne et me retourne. Je manque d’air à force d’avoir le souffle coupé, je n’arrive pas à gérer la souffrance et je panique. Rien ne m’apaise. À mesure que le soleil monte dans le ciel et que les heures passent, les larmes brûlent mes joues.

Gregor n’est pas plus calme que moi. Il accompagne mes mouvements, se lève avec moi, se baisse quand je m’assois ou que je me recouche. Il me donne à boire et m’humidifie le front quand je transpire, me masse le bas du dos.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.